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Photo du rédacteurBTP ASSUR

Vous souhaitez prendre le relais d'un confrère dont le marché est résilié : quels points de vigilance ?

Poursuivre la mission entamée par un confrère n’est pas anodin. Vous êtes tacitement en position d’accepter - voire de subir - ce qui a déjà été organisé, réalisé, projeté.

L’enjeu est aussi de dissocier clairement votre rôle de celui de votre prédécesseur pour ne pas avoir à endosser des risques et responsabilités exorbitants en matière de « devoir de conseil ».

Comment d’y prendre pour optimiser vos chances de réussite ? Nous vous proposons une petite check-list (non exhaustive) en catégorisant 4 risques encourus puis une proposition de méthode.


Vos 4 risques


  • Organisationnels

    • vous intervenez en cours de route, vous n’avez pas l’histoire du chantier ni en phase conception ni en phase réalisation (1) : faites-vous raconter le projet !

    • vous intégrez des équipes déjà en place : possible de faire connaissance avant d’attaquer ?

    • il vous sera difficile de faire infléchir un cap ou de faire modifier des process et des marchés déjà en cours : une marge de manœuvre vous est-elle accordée ?


  • Juridiques


    • votre marché est spécifique par rapport aux autres intervenants, il doit parfaitement s’articuler et se compléter avec les autres (sans trou ni doublon !) : avez-vous un œil sur les autres missions ?

    • vous prenez en charge un ouvrage en cours de construction, avec d’éventuelles reprises évidentes, mais aussi avec ses vices cachés : rédigez soigneusement votre clause « responsabilités ». Car si on ne peut pas vous reprocher ce qui a été réalisé avant votre arrivée, on peut vous reprocher de ne pas avoir investigué et averti d’une problématique : c’est le fameux « devoir de conseil ».

    • de la précision des informations dépendra le partage des responsabilités entre votre prédécesseur et vous : Des zones de flou persistent-elles ?


  • Techniques


    • (1) A vous d’obtenir tous les éléments pour voir clair ! Dressez votre liste et partagez-la largement pour vous assurer d‘une bonne collaboration. Et souvenez-vous = « les écrits restent et les paroles s’envolent ».

    • C’est presque un autre chantier qui démarre sur le précédent : vos techniques et vos solutions vont devoir se greffer sur l‘existant. Sont-elles compatibles ?


  • Financiers


    • Mauvaise évaluation tarifaire : ce n’est pas parce-que le chantier est à la moitié que vos honoraires doivent l’être… anticipez des aléas plus lourds.

    • Tout arrêt de mission (et votre reprise) provoque un risque de retard, veillez à la clause « pénalités » !

    • Soyez vigilants sur votre trésorerie : la maîtrise d’ouvrage vous a-t-elle bien intégrée en temps et en heure ? êtes-vous bien synchrone avec vos confrères ?


Une méthode parmi tant d’autres


1. Prenez connaissance (et le pouls) du projet et sa conduite.


  • Avant de prendre en charge un projet, il est crucial de travailler en parfaite transparence :

    • Avez-vous un contact direct avec les véritables décideurs ?

    • Détenez-vous le contrat initial dont il faut prendre le relais ?

    • Vous a-t-on expliqué d’emblée le motif du départ de votre confrère ?

    • Les autres intervenants vous sont-ils présentés ?


  • Comprendre précisément le contexte, les objectifs, les contraintes :

    • La finalité de l’ouvrage est-elle bien définie et stable ?

    • Le chantier se déroule t’il normalement ou connaît-il des interruptions ?

    • Quelle est la forme du/des marchés : allotis, en groupement, avec un Contractant Général ?

    • Toutes les missions nécessaires, tous les Corps d’Etats sont-ils en place ?

    • Existe-t-il des difficultés avec le voisinage, les autorités publiques ?


  • Evaluer votre possibilité d’intégration en prévoyant des entretiens avec la Maîtrise d’Ouvrage et l’équipe d’ingénierie pour s‘inscrire dans la dynamique en place.

  • Etudier les plans et spécifications techniques, les comptes rendus de chantier, rapports d’études (BET, Contrôleurs Techniques etc…)


2. Évaluez l'état du chantier et identifiez les risques


  • Une inspection minutieuse du chantier est indispensable pour identifier son état actuel, l’état d’avancement et les travaux restants à effectuer, les éventuels désordres ou malfaçons.

  • Rendre l’état des lieux juridiquement opposable en le réalisant en présence des parties prenantes : Maître d’Ouvrage, Architecte, Contrôleur Technique, entreprises etc… Prenez des photos ! Et faites en sorte que l’état des lieux soit le plus précis possible.

  • Calculez les surcoûts éventuels et délais liés à la reprise du projet.

  • Bien vérifier que ce qui vous est demandé entre dans votre champ de compétences et… est assuré.


3. Négociez votre propre contrat


Votre marché n’est pas la continuité du marché de votre confrère : vous reprenez un ouvrage existant, en cours de chantier, avec vos propres moyens et votre propre vision.

  • Posez vos conditions : humaines, techniques, financières, et vos délais et réserves.

  • Phasez votre intervention, vis-à-vis du Maître d’Ouvrage et en tenant compte des autres intervenants,

  • Dites ce que vous ferez, dites ce qui relève d’un autre intervenant et dites ce que vous ne ferez pas.


4. Faites-vous éventuellement assister par un avocat spécialisé


  • Compte tenu de la complexité juridique potentielle, faites-vous assister par un avocat spécialisé. Sa vision « contentieuse » est une excellente prévention.

  • Nous l’avons vu tous les sujets sont à prendre en compte : définition et contour de la mission, délais, pénalités, réserves, limites de responsabilités, balayez large !


5. Mettez en place un plan de communication et de suivi


  • Au-delà de l’évidence des Comptes Rendus de Chantiers, envisagez votre propre plan de communication vis à vis du maître d'ouvrage et des autres intervenants. Créez du lien !

  • Nous nous répétons : « les écrits restent et les paroles s’envolent ». Parlez et… confirmez…


6. Et votre assurance ?


  • Votre contrat d’assurance RC Professionnelle + RC Décennale comporte des exclusions et des limites, relisez-le avant de signer votre marché.

  • Sauf si des caractéristiques sortent de l’ordinaire (cf point ci-avant) ce type de mission ne nécessite pas un traitement particulier. L’assureur s’attend toutefois à ce que vous preniez vos précautions : c’est précisément l’objet de cet article !

  • En cas de doute, contactez votre conseil pour vérifier que votre projet est bien couvert ; à défaut demandez ce que peut coûter une extension de garantie.


Aristote disait que « la Nature a horreur du vide » : d’où votre arrivée sur ce chantier potentiel. Si nous devions conclure et résumer cet article, faites vôtre ce dicton pour bien vous préparer et vous prémunir de discussions et/ou litiges.



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